A Liège, les habitants des Guillemins subissent depuis des années, les politiques contradictoires et incohérentes menées par les différentes entités dont la ville et la SNCB, chargées de l’aménagement du quartier. C’est dans ce contexte d’urbanisme discordant asséné au rouleau compresseur, que la future Tour des Finances sort de terre depuis quelques mois face à la nouvelle gare Calatrava. L’ambitieux édifice se promet d’atteindre 118 mètres de hauteur pour 27 étages, mais fin juillet, l’avis de l’auditeur du Conseil d’Etat est tombé, ébranlant quelque peu l’avenir de ce projet démesuré. Et si cette tour se mettait à trembler sur ses fondations, cela pourrait résonner jusqu’au quartier Léopold…
Si vous avez manqué les épisodes précédents :
En avril 2012, dénonçant la démesure du projet et le non-respect généralisé des rêgles d’urbanisme, certains riverains puis la SNCB-Holding, déposait coup sur coup deux recours en urgence signifiés au promoteur Fedimmo, chargé des travaux et à la Région wallonne qui a accordé le permis d’urbanisme. Ce recours provoqua une habile négociation du promoteur Fedimmo auprès des riverains qui renonçèrent à leur action en urgence, isolant la SNCB holding dans son référé. De fait,ne pouvant plus invoquer le préjudice grave et irréparable en tant que société, la SNCB fut finalement déboutée en octobre dernier.
Mais si le recours en référé était invalidé, l’action sur le fond qui étudiait l’hypothèse de l’ annulation du permis d’urbanisme, suivait son cours. Le rapport de l’auditeur a fini par tomber à la fin juillet.
En acceptant ce projet, les autorités régionales ont balayé les limites de hauteur et de densité fixées par le PRU (Périmètre de Remembrement Urbain) des Guillemins. Dés le départ, l’enquête publique sensée asseoir l’intégration de cette tour était donc faussée.
Rien ne légitime la construction de cette tour “sans prescricption, ni restrictition”, pas même l’idée “d’émergence ponctuelle d’échelle métropolitaine” portée par le discours de la ville.
L’auditeur conclue donc aujourd’hui à l’annulation du permis d’urbanisme.
Et si le Conseil d’Etat suivait l’avis de son auditeur…
Comme nous l’expliquions dans notre article du mois mai, la tour Belview située sur l’îlot Van Maerlant a déjà dépassé les 15 étages et le chantier suit son cours malgré un recours en annulation lancé par IEB et le GAQ, et soutenu par l’AQL et le BRAL contre le permis accordé au projet, réfutant les règles d’urbanisme en vigueur.
Ce recours en annulation lancé en mai dernier, suit lui aussi son cours. Si comme dans 95% des cas, le Conseil d’Etat suit l’avis de l’Auditeur pour la tour des Finances au quartier des Guillemins, il créée un précédent qui pourrait se faire ressentir jusqu’à notre quartier Léopold, et le même Conseil pourrait aboutir aux mêmes conclusions pour la tour bruxelloise.
Nous ne manquerons pas de vous informer sur la suite du feuilleton liégeois !!!
Pour mieux comprendre :
Dans le cadre d’un projet d’urbanisme, deux recours peuvent être déposés auprès du Conseil d’Etat :
- Un recours en urgence ou en référé demande la suspension d’un projet, il est généralemnt porté par les personnes qui risqueraient de subir un préjudice « grave difficilement réparable » provoqué par le projet, mais aussi par le chantier de celui-ci.
- Un recours en annulation, comme son nom l’indique demande l’annulation du projet. Cette procédure qui peut prendre plusieurs années, opère avec effet rétroactif, c’est-à-dire qu’elle fait disparaître l’acte annulé pour le futur et pour le passé : il est donc censé n’avoir jamais existé.