Carolina est née en août 2002 et a vécu les cinq premières années de sa vie rue Vautier. Elle connaît donc les 16 jardins (ouverts et néanmoins clôturés) du n°2 au n°32.
Cet après-midi, elle était au bas de la rue avec son grand frère Jorge et son papa. Elle avait déjà remarqué les premières fleurs rouge et or qui fleurissent en ce début février encore endormi dans le jardin de Marie…
D’une fleur à l’autre, le message matinal de Marie sur le blog d’Ariane est arrivé cet après-midi aux oreilles de Carolina. Elle sautille, sautille et saute sur l’offre de la maîtresse du jardin n°16. En dix gestes de sa main, en secouant aux quatre azimuts ses boucles brunes, et en affichant son plus grand sourire, elle accepte l’offre de « plants de Keria », cet arbuste très robuste pour « son jardin à elle ».
Ce qu’il faut savoir, c’est que Carolina du haut de ses cinq ans et demi, presque six, a déjà un rôle important dans l’orientation de la vie de sa famille. Ses parents ont eu la possibilité de devenir propriétaires d’un appartement de rez-de-chaussée et d’un petit jardin en pleine terre, au pied du « mail des citoyens » (la dalle du Parlement) au niveau de la rue Godecharle. Quand elle a visité, c’est bien Carolina qui a sautillé « Ceci est ma chambre », « ceci est mon jardin ». Et elle a emporté le morceau. Elle a donc engagé ses parents, des courageux défenseurs des droits de l’homme en Colombie, devenus Belges pour fuir une vie trop dangereuse, à prendre un prêt hypothécaire sur 20 ans et à devenir propriétaires, aux conditions favorables de l’AQL (merci Joëlle !).
Bref, Carolina est maintenant à la tête du 18e JONC du quartier. Car il s’agit bien d’un jardin ouvert et néanmoins clôturé, puisqu’il s’offre la vue des promeneurs du mail du Parlement Européen qui empruntent l’escalier pour rejoindre la rue Godecharle.
La morale de l’histoire est que le Keria du jardin de Marie, transplanté dans le jardin de Carolina, aura son pedigree bien à lui, en plus de son pedigree générique, c à d « Keria japonica : Arbrisseau très vivace, produisant plusieurs tiges flexibles, rameuses, diffuses, hautes de 5 à 6 pieds : feuilles ovales, aigües, crénelées. Dès février et souvent jusque dans l’automne, fleurs jaunes, nombreuses, très-doubles, grandes comme des roses-pompons, et d’un bel effet. » (Le Bon jardinier, Almanach, 1833)