Pas âme qui vive sur la grande dalle. Nous sommes vendredi, il est 11h30. Je viens d’emprunter un escalier menant de la rue Wiertz au mail du parlement européen, cette esplanade de béton qui sépare les bâtiments D4-D5 du "caprice des dieux". J’aurais voulu y pénétrer par la chaussée de Wavre, mais des barrières garnies de barbelés m’en ont empêchée.
Je m’installe sur un cube de béton et constate que la figurine du panneau d’interdiction n’a ni pied, ni tête. Un frisson me parcourt le dos. Heureusement que quelques abeilles ronronnent dans un buisson volontaire. A mes pieds, l’une ou l’autre fourmi court le pavé moche comme le ciel de ce mois d’août.
Dix minutes passent et j’aperçois un chien promenant sa maîtresse. Quelques voyageurs émergent des sous-sols qui abritent la nouvelle gare du Luxembourg. Ils traversent l’espace en oblique, comme s’il n’y avait qu’un axe de déplacement possible.
L’étendue stérile me rappelle la nouvelle place Flagey, sauf que cette place-là, elle vit à la croisée de multiples chemins. Les enfants pédalent et courent en tous sens, ils se douchent sous des jets de fontaine surgissant à même le pavé.
Les passants disparaissent. Le calme revient. Je rêve qu’Oscar et ses potes, des as de la trottinette, volent au-dessus des barbelés, en hurlant des incantations prometteuses.