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Flamands et francophones du pays sont branchés sur des télévisions et médias différents. Lors de sa remise des prix annuelle, l’hebdomadaire belge Télé Moustique [1] nomine (et récompense) indistinctement émissions, journalistes et animateurs francophones, qu’ils soient belges ou français. Aucune présence de Flamands. Hormis Tom Barman, le chanteur… anglophone de dEUS !

Olivier Swenne

Le cinéma belge distingue quant à lui deux sensibilités qui, n’en déplaise à feu André Delvaux, l’un des pères fondateurs du cinéma belge, n’ont presque plus rien à partager : le francophone, doué d’un langage singulier et d’une âme originale, bénéficie d’une forte reconnaissance internationale mais laisse indifférent son propre public, tandis que le flamand, négligé à l’étranger, (« les films flamands seraient des sous-produits américains », selon le cinéaste belge Stefan Liberski [2]), s’avère rentable et très populaire sur son terroir linguistique. Le cinéma francophone fait régulièrement appel aux talents français. Le flamand fait de l’élevage de VIP « à
la flamande » (les « Bekende vlamingen », ou « Flamands connus » ; à noter qu’au sud du pays il n’y a pas de culture… de WC, ou « Wallons connus »).

Les vedettes flamandes qui abondent dans les talkshows du nord du pays sont, sauf exception, parfaitement inconnues du côté wallon. Et vice versa. Les chansons populaires qui accompagnent les uns et les autres, quand ce ne sont pas des tubes anglo-saxons, appartiennent de même à la langue respective de chacun, et ne passent généralement pas la frontière linguistique. Un récent sondage effectué en Flandre (le 26 décembre 2006 ; source VRT [3]) vient d’en apporter l’éclatante confirmation. À l’exception de Jacques Brel, qui truste avec « Ne me quitte pas » la première place du top-100 des plus grandes chansons belges de tous les temps, les Flamands écoutent du flamand. Qu’ils soient chantés dans leur langue, en anglais ou même en français (mais alors par des Flamands, comme Arno ou Axelle Red), ces tubes made in Flandre soulignent l’énorme fossé culturel qui sépare Flamands et francophones de Belgique.

[1Hebdomadaire TV et culturel (700 000 lecteurs).

[2Réalisateur de Bunker Paradise, écrivain et créateur avec quatre complices des « Snuls », version belge des Nuls dans les années 90, sur Canal + Belgique.

[3Réalisateur de Bunker Paradise, écrivain et créateur avec quatre complices des « Snuls », version belge des Nuls dans les années 90, sur Canal + Belgique.

À propos de cet article

Publié le dimanche 9 novembre 2008

Par
Ulysse
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Le complexe belge - Petite psychanalyse d’un apatride - Nicolas Crousse
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Mots clés:
Arts Identités : belges, européennes, africaines, ... Politique belge Politique européenne

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Novembre 2008 JPEG - 43.6 ko - 1084x1628 px

  1. 1 Mars 2009 à 12:38

    Le complexe belge - Extrait 5

    Avouons que la Belgique n’existe pas, qu’elle est une invention de l’hazard. Cette non-identité a des conséquences graves, qui ne sont pas reconnues dans votre livre, écrit exclusivement du point de vue francophone. Pendant que les francophones peuvent facilement se tourner vers la France pour combler cette vide, le flamand, déprivé de toute identité, se sent abondonné et perdu.

    Deuxième problème : cette non-identité mène inévitablement à l’indifférence. Ayant passé plusieurs années à Liège, LLN et Bruxelles, j’ai souvent ressenti cette ignorance totale de la Flandre et de la culture flamande. Une culture flamande qui, pour la grande majorité des Wallons, n’existe même pas.

    Le respect de l’autre oblige les belgicains à reconnaître le droit - pour tout le monde - de se sentir chez soi. Un autocollant du drapeau belge sur le coffre arrière de votre voiture ne suffit pas. Un simple "Goedendag" à Overijse, Vilvoorde ou Zaventem serait déjà mieux. Montrer la volonté de vouloir communiquer est le premier pas.

    Si vous tenez vraiment à cette construction imaginaire, apprenez le Néerlandais, comme nous avons appris le français. N’ai pas peur : je vais vous pardonner vos fautes, comme vous me pardonnez sans doutes les miennes. Mais si vous refuser de faire un tel effort, la conclusion ne peut être que : séparons-nous.

    Communiquer ou se séparer : une question de langue...