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Une fiction de quartier

Robin et les chérubins

La pénombre a progressivement enseveli l’atelier. Les bedons des chérubins de plâtre ne révèlent plus leurs rondeurs que sous les caresses du sculpteur. Il les abandonne pour se rincer le visage et les mains ; puis, sans bruit, s’évanouit dans le crépuscule de la rue Montoyer. Il gagne rapidement la rue Wiertz ; quelques artistes assis sur les pas de porte malgré la fumée nauséabonde du chemin de fer, saluent son passage. Voici la chaussée de Wavre qui dégringole la vallée avant de se hisser jusqu’à l’église Saint-Gertrude. L’homme veut s’élancer, rejoindre la campagne, mais il s’écroule : une douleur tenace transperce son front. Il s’agrippe à l’herbe du talus qui borde le chemin mais le sol se dérobe sous ses pieds. Les ateliers des rues voisines s’écroulent, la gueule béante d’un dinosaure brise le pont du chemin de fer et vient étouffer le sculpteur de son haleine fétide.

La puanteur est intenable, Robin ouvre des yeux ahuris par l’agression que déverse la fenêtre de sa chambre. Un bulldozer fumant s’agite au pied de l’immeuble qui tremble pour son existence, tandis qu’un embouteillage trépigne bruyamment à l’entrée du pont de la chaussée de Wavre. Le jeune homme se rince le visage et les mains, comme pour laver son front de cette ténébreuse vision de cauchemar. Il avale une tranche de pain sur un café noir, enfile un pantalon et sort. Ses pas l’emmènent jusqu’au Musée des Sciences Naturelles où son regard se heurte au monstre qui garnit l’entrée de l’édifice. Un frisson s’empare de lui, il atteint les profondeurs de son âme.

Suite le mois prochain.


  1. 1 par Ulysse Mai 2009 à 08:36

    Une fiction de quartier

    Vous savez narrer et c´est rare chose .
    Je ne le sais et vous envie.
    Je tente d´écrire, mais d´histoire ne veux conter.
    Uniquement l´âme m´étreint.